Saint Georges et le Dragon
Le récit de saint Georges et le Dragon est un poème allégorique.
Le dragon y est une figure du dieu Baal à qui l’on offrait en sacrifice des enfants, sacrifice dont les odeurs empestaient la ville. Il est une allusion à l’Empire Romain qui maintenait l’ordre par le fer et le sang et tuait ses enfants. Parmi ces enfants le récit fait allusion à la fille de l’empereur Dioclécien, Valérie, convertie au christianisme par Georges et promise au dragon, le co-empereur Galère.
Résumé du poème :
Un dragon se cachait et terrorisait la ville de Sylène en Libye ; il exigeait qu'on lui donne en sacrifice un enfant tous les jours.
La fille du roi est promise au Dragon par le tirage au sort. Son père se lamente, et se résout au sacrifice. Saint Georges rencontre la fille du roi et lui dit “Ma fille, n’aie pas peur, je vais t’aider au nom du Christ.”
À cheval il blesse grièvement le dragon de sa lance, il le terrasse, et demande à la jeune fille : “Lance ta ceinture autour de l’encolure du dragon sans hésiter, ma fille !”
La jeune fille attache le dragon avec sa ceinture et celui-ci la suit comme le plus doux des chiens.
Le dragon soumis est présenté à la population de la ville terrorisée. Georges leur dit : “N’ayez pas peur, car le Seigneur m’a envoyé à vous précisément pour vous délivrer des exactions de ce dragon. Si seulement vous croyez dans le Christ, et si vous vous faites tous baptiser, eh bien, je tuerai ce dragon“.
Alors le roi et tout le peuple reçurent le baptême, et Georges tua le dragon.
Le roi fit construire en l’honneur de sainte Marie et de saint Georges, une église aux dimensions extraordinaires ; de son autel coule une source d’eau vive, qui guérit tous les malades qui boivent de son eau. Puis Georges donne au roi quatre instructions : “prendre soin des églises de Dieu, honorer les prêtres, écouter avec zèle l’office divin et toujours penser aux pauvres“ ; et il partit.
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Décryptage : Ce récit, qui associe le vrai au fantastique, montre de façon symbolique le triomphe du christianisme sur le paganisme grâce à ses martyrs glorieux. Le roi est l'empereur romain, Dioclétien au début du récit, Constantin dans la suite. Constantin, successeur de Dioclétien, sera le premier empereur chrétien par sa victoire sur Maxence au pont de Milvius le 28 octobre 312, huit ans après l’édit de persécution de Dioclétien qui punissait de mort ceux qui refusaient les sacrifices sanglants aux dieux romains. Les instructions de Georges seront les promesses faites pendant 1480 ans par les rois, lors du sacre, depuis Constantin jusqu’au 2 février 1793, date de la mort de Louis XVI. Les martyrs Georges et Valérie sont les héros de cette merveille !
Les poèmes ont une force évocatrice plus forte que la plate relation historique !… Leurs images sont gardées précieusement, et les paroles de saint Georges restent d’une grande d’actualité, même si le dragon s’est transformé aujourd’hui dans les Lumières et leurs Droits de l’Homme. La fausse idéologie clairement désignée est terrassée, tenue en laisse par des enfants, alors seulement le peuple peut sans crainte se tourner vers son Dieu et Père.
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Le dragon était une image littéraire maléfique commune dans l’antiquité. On le retrouve dans les douze travaux d’Hercule avec l’Hydre de Lerne. Pour les chrétiens, il représente le paganisme, et toutes les forces qui s’opposent au Christ. Dans l’Apocalypse il veut dévorer le Christ à sa naissance. Il est terrassé par l’archange saint Michel, le défenseur de la foi, et celui qui pèse les âmes lors du jugement dernier. On le retrouve dans le récit de la vie de sainte Marthe à Tarascon avec la Tarasque que Marthe capture avec sa ceinture comme l’avait fait la fille du roi. On le retrouve dans la vie de sainte Geneviève, où des monstres de diverses couleurs à la puanteur fétide apparaissent lorsqu’elle va chercher du blé pour les parisiens ; ils représentent les factions guerrières païennes et ariennes ; monstres chassés par la vertu et la prière de Geneviève avant le baptême de Clovis.
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La ceinture est le signe extérieur du pouvoir dans le monde romain. L'investiture d'une charge importante de la fonction publique de l'empire se traduit par la remise par l'empereur du cingulum (ceinturon), associée à un serment de fidélité du récipiendaire à l'empereur. Les ceinturons sont différents selon les dignités reçues (gouverneur, proconsul, procurateur, etc.). Pour les chrétiens, la ceinture a la même signification. Le moine, le prêtre, l'évêque, chacun reçoit sa ceinture lorsqu'il prononce ses vœux de fidélité au Christ. Lorsque la jeune fille attache le dragon par sa ceinture, c'est la puissance du Christ qui s'exerce par son intermédiaire, comme Jésus le disait à saint Pierre : "Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller" (Jean 21, 18). De la même manière le scout reçoit son ceinturon, signe de son serment de fidélité à Christ, au moment de la promesse.