La passion de saint Georges
Résumé de la passion de Saint Georges
DioclĂ©tien, appelĂ© Dadian, avec ses quatre associĂ©s demande Ă tous les rois de tous les pays d’Ă©radiquer le christianisme. Georges, tribun originaire de Cappadoce vient d’achever sa vie militaire et propose ses services Ă l’empereur en tant que comte.
Devant l’ampleur de la persĂ©cution, il donne ses biens aux pauvres et se prĂ©sente devant l’empereur en se proclamant chrĂ©tien trinitaire. Magnence l’interroge et DioclĂ©tien le condamne Ă subir le supplice des griffes et de la roue, puis Georges est mis au tombeau, dans la fosse. Dieu lui mĂȘme par la main de l’archange Gabriel le ressuscite.
Georges se prĂ©sente Ă nouveau devant l’empereur. Son courage dĂ©cide le gĂ©nĂ©ral Antonin et toute sa lĂ©gion Ă se dire chrĂ©tiens. Antonin et sa lĂ©gion subissent le martyre. Quant Ă Georges, l’empereur lui fait subir l’Ă©preuve des souliers Ă clous, Georges persĂ©vĂšre dans l’expression de sa foi. L’empereur le condamne Ă ĂȘtre flagellĂ©.
AprĂšs le fouet, Magnence demande un signe de Georges qui lui permette de croire en Dieu : que les quatorze siĂšges de l’Empire faits de bois mort repoussent et refleurissent. Ce que fait Georges et qu’observe Magnence.
Suit un rĂ©cit curieux. Le gouverneur Traquillinus lui demande de ressusciter les morts contenus dans un certain sarcophage pour croire en Dieu. Georges intercĂšde auprĂšs de Dieu qui a mis Ă sec la mer des papyrus ; il les ressuscite au nombre de trois cent. Les paĂŻens morts dans les tourments de l’enfer demandent Ă connaĂźtre le Christ pour ne plus y retourner, ce qu’accorde Georges par le baptĂȘme, et les morts vont au Paradis.
Devant la puissance du saint, l’empereur demande non plus de le martyriser mais de le dĂ©shonorer, en le faisant cohabiter avec une veuve, pauvre prostituĂ©e. Georges s’appuie sur un pilier qui devient un grand arbre. Avec l’aide de saint Michel il nourrit et convertit la veuve avec son fils. Son fils aveugle et estropiĂ© retrouve la vue et la marche. Il devient le porte parole de Georges. L’arbre du jardin de la veuve grandit et resplendit.
L’empereur change de stratĂ©gie pour ramener Georges au paganisme. Il le comble de bienfaits, le nomme ministre et lui promet qu’il sera son successeur Ă la tĂȘte de l’Empire s’il sacrifie aux dieux. Georges donne son accord ; la veuve en est scandalisĂ©e. Il se rend au temple avec le fils de la veuve et questionne les idoles. Les dĂ©mons en sortent et George les envoie en enfer, il brise les idoles. Ne reste plus que Dieu seul, quâhonore Georges.
DioclĂ©tien relate ces faits Ă sa femme, la reine Alexandra. Alexandra lui confesse sa foi chrĂ©tienne et subit le martyre aprĂšs avoir demandĂ© le baptĂȘme Ă Georges. Georges est alors dĂ©capitĂ© aprĂšs avoir priĂ© pour que ceux qui seront dans la mĂȘme situation que lui soient sauvĂ©s et que leur fautes ne leur soient pas comptĂ©es. Il prie Ă©galement qu’Ă l’invocation de son nom le pays devienne un pays oĂč les boiteux marchent, les aveugles voient, et prie que JĂ©sus-Christ envoie le feu qui dĂ©vore le roi et les cinquante qui n’ont pas cru devant les actes de Georges.
Décryptage et explications
La passion de saint Georges est une catĂ©chĂšse qui rassemble des faits variĂ©s en vue de l’Ă©dification des fidĂšles.
Tous les rois de tous les pays : L’Empire c’est le monde disent les Romains. Les rois sont les gouverneurs des 14 diocĂšses ou des 70 provinces de l’Empire. Les pays sont ainsi les diocĂšses oĂč les provinces. Hors du monde sont les barbares.
Dadian : Roi des Perses. DioclĂ©tien Ă©tait qualifiĂ© de roi persique pour avoir vaincu les Perses. Dadian serait un diminutif de Dalmate, sa province d’origine. On lui donne aussi le surnom de Dacien, provenant de Dacie qui n’est pas trĂšs Ă©loignĂ©e et dont est originaire le co-empereur GalĂšre. Vu d’un Palestinien, Dalmatie, Panonie ou Dacie, c’est bien la mĂȘme chose.
Les quatre associés : la Tétrarchie, les deux empereurs Dioclétien-Jupiter et Maximien-Hercule, les deux Césars GalÚre et Constance Chlore.
Georges : nĂ© en Cappadoce, est aussi GalilĂ©en dans ce texte. D’autres traditions prĂ©cisent le lieu de sĂ©pulture en Palestine Ă Lydia, anciennement Discopolis, l’actuel Lods, prĂšs de Tell-Aviv.
Tribun, stratolatos : Officier supĂ©rieur, gĂ©nĂ©ral d’armĂ©e.
Comte : ministre de l’empereur, celui qui mange avec lui.
Supplices : Les nombreux supplices montrent la persĂ©vĂ©rance de Georges et l’aide permanente de Dieu.
Fosse : Il faut comprendre que Georges, laissé pour mort, est mis dans un tombeau fermé par une pierre.
Antonin : Rappel du martyre de saint Maurice et de légion Thébaine anéantis dix huit ans avant la grande persécution par Maximien, martyre peu connu en Orient.
14 siĂšges : les quatorze diocĂšses de l’Empire ; les siĂšges de bois mort reprĂ©sentent les provinces oĂč le christianisme a disparu par la persĂ©cution. Elles refleurissent aprĂšs Constantin, redevenues chrĂ©tiennes. C’est une mĂ©taphore du temps de la rĂ©daction de la passion de Georges. En effet, Georges est interrogĂ© par Magnence, l’empereur paĂŻen. L’auteur observe que Magnence a vu refleurir le bois mort. Montrerait-il sa conversion au christianisme trinitaire lors de sa lutte contre l’empereur arien Constance II ? Les derniĂšres monnaies de Maxence portent effectivement le chrisme, elles en tĂ©moignent !
Morts du paganisme : CatĂ©chĂšse sur l’au-delĂ , sur l’Ă©ternitĂ©. L’auteur signifie que par la priĂšre, les vivants peuvent intercĂ©der pour tous les dĂ©funts quelle qu’ait Ă©tĂ© leur vie, en particulier pour ceux qui n’ont pas connu JĂ©sus-Christ. Il profite de la rĂ©daction de cette passion pour transmettre le message par la bouche du saint : la priĂšre des vivants intercĂšde auprĂšs de Dieu qui par la PĂąque a libĂ©rĂ© les Israelites de l’esclavage d’Ăgypte en assĂ©chant la mer Rouge, la mer des papyrus.
Veuve : Discours sur l’humiliĂ© chrĂ©tienne. Vivre avec des pauvres, voire avec une prostituĂ©e, c’est une infamie pour les princes ; ce ne l’est pas pour un chrĂ©tien, au contraire, la veuve et l’orphelin sont les protĂ©gĂ©s de Dieu dit la Bible (Deut, 10, 8 ; Exode, 21, 22). L’archange saint Michel, l’envoyĂ© de Dieu, vient Ă son secours. L’arbre est le symbole du Dieu vivant, il est au milieu du jardin et grandit Ă l’admiration de tous en lieu et place d’une idole de pierre, d’un pilier inerte. Le fils de la veuve Ă©clairĂ© par Georges peut affronter les dĂ©mons sans crainte.
Fils de la veuve : On observe ici la reprise du rĂ©cit d’Ălie et de la veuve de Sarepta. La nourriture ne manque pas et le fils est ressuscitĂ©. Mais ce peut ĂȘtre aussi une reprise du mythe d’Isis et Osiris. Georges est coupĂ© en morceaux comme Osiris. Horus, fils de la veuve Isis, de chĂ©tif, aveugle et boiteux, devient celui qui rĂ©tablit l’Ă©quilibre divin par la magie de sa mĂšre Isis. Il chasse Seth le dieu du mal. Dans la vision gnostique c’est la veuve (mĂšre d’Hiram, Isis, ou MĂ©dĂ©e) qui par magie ouvre les yeux de son fils. Le fils de la veuve est le franc-maçon qui se dĂ©gage du mal par l’initiation, l’arbre est l’acacia qui renait Ă la rĂ©apparition du soleil de la connaissance. Plus tĂŽt dans ce rĂ©cit, ce nâĂ©tait pas la veuve, ce nâĂ©tait pas Isis qui collationnait les morceaux dĂ©coupĂ©s pour faire revivre Osiris, c’est l’archange Gabriel qui fait sortir Georges du tombeau. Ce n’Ă©tait pas la veuve qui ouvrait les yeux de son fils, mais Georges. Ce n’Ă©tait pas le fils de la veuve qui a dĂ©voilĂ© les dieux, mais bien Georges, le saint hĂ©ro de Dieu. Le rĂ©cit est bien chrĂ©tien !
Sept ans de martyre : le temps entre le dĂ©cret de persĂ©cution sanglante dĂ©but 304 et sa fin par l’Ă©dit de Sardique de l’empereur GalĂšre du 30 avril 311.
Georges brise les Idoles : Georges dévoile la supercherie des dieux romains et terrasse le démon, le fait disparaßtre en enfer, dans la fosse. Ce dévoilement est la cause de conversion de la reine.
Alexandra : Elle est identifiĂ©e Ă Priscia l’Ă©pouse de DioclĂ©tien. Celle ci chrĂ©tienne est restĂ©e l’impĂ©ratrice et n’est pas martyrisĂ©e par son mari. Ă la mort de celui-ci en 305, Priscia rejoint sa fille ValĂ©rie qui avait Ă©tĂ© mariĂ©e au co-empereur GalĂšre. ValĂ©rie est aussi chrĂ©tienne. Ă la mort de GalĂšre en 311 Alexandra et sa fille sont sous la domination de Licinius, Elles mourront toutes deux martyrs en 314.
N’ayez pas peur : Cette phrase de Georges Ă Alexandra reprend l’Ă©vangile de Matthieu (Mat, 10, 26) racontant l’envoi en mission des disciple, les prĂ©venant qu’ils seront dĂ©testĂ©s, persĂ©cutĂ©s, « qui a perdu sa vie pour moi la trouvera » dit JĂ©sus.
La priĂšre : Elle est exaucĂ©e, les rois de l’Empire Romain paĂŻen sont dĂ©vorĂ©s sauf Constantin, celui qui a vu et a cru dans le signe de feu du Dieu tout puissant avant la bataille du Pont de Milvius.
Date : Les Actes de saint Georges semblent ĂȘtre Ă©crits entre 360 et 380 dans la province d’Orient. Ils incorporent dans leur texte un ensemble de faits relatifs Ă la grande persĂ©cution des chrĂ©tiens sous DioclĂ©tien mais aussi beaucoup d’autres qui ne sont pas nĂ©cessairement liĂ©es Ă Georges. En particulier le martyre de saint Maurice et de la lĂ©gion ThĂ©baine, appelĂ© ici martyre du gĂ©nĂ©ral Antonin et de sa lĂ©gion, qui eut lieu vers 286 dix sept ans avant le dĂ©but de la grande persĂ©cution par le gĂ©nĂ©ral Maximien, le vĂ©ritable instigateur de la persĂ©cution.
Ces Actes font curieusement participer Ă lâinterrogatoire de Georges, Magnence, empereur usurpateur paĂŻen en 350-353 nommĂ© dans le texte grec soit Magentios soit Magnetios. Magnence revient au paganisme pendant la pĂ©riode arienne de l’Empire ; ce fait a dĂ» inquiĂ©ter l’auteur dĂ©jĂ troublĂ© par les persĂ©cutions des chrĂ©tiens trinitaires du fait de l’empereur arien Constance II. Le commentaire sur les quatorze siĂšges de rois, les quatorze diocĂšses de l’Empire, montre que les actes sont Ă©crits avant ThĂ©odose et aprĂšs Magnence. En effet le christianisme mort sous DioclĂ©tien, renait avec Constantin qui a vu le signe de feu du Dieu des ChrĂ©tiens, certains diocĂšses grandissent sans fleurir, ceux des empereurs ariens d’Orient, d’autres fleurissent, ceux gouvernĂ©s par des empereurs chrĂ©tiens trinitaires. AprĂšs ThĂ©odose les quatorze siĂšges sont trinitaires, il fleuriront tous.
VĂ©racitĂ© historique : L’objet de ce texte est Ă©videmment la catĂ©chĂšse Ă l’usage des fidĂšles par l’exemple de la vie d’un grand tĂ©moin et non la rigueur historique. Cependant on retrouve des dĂ©tails confirmĂ© par le tĂ©moignage d’Ambroise de Milan datant de la mĂȘme Ă©poque, mais dans la partie latine de l’Empire. Ambroise prĂ©cisait que « Georges reçut de la grĂące divine une telle constance dans la foi quâil mĂ©prisa les ordres du pouvoir tyrannique et ne craignit pas les tourments de peines innombrables. Ă lâheureux et illustre combattant de Dieu, qui non seulement ne sâest pas laissĂ© sĂ©duire par la promesse caressante dâun royaume temporel, mais, aprĂšs avoir trompĂ© son persĂ©cuteur, a encore prĂ©cipitĂ© dans lâabime la monstruositĂ© de ses statues ! » Tout le rĂ©cit de la passion grecque se trouve rĂ©sumĂ© dans ces quelques lignes : les supplices sans nombre, la constance dans la foi, le haut rang de Georges peut-ĂȘtre destinĂ© Ă succĂ©der Ă l’empire, la rĂ©futation de la religion paĂŻenne. Ambroise associe dans le mĂȘme sermon le martyre de la reine Alexandra Ă celui de Georges, du fait de la proximitĂ© de Georges et de DioclĂ©tien. Ce sont deux hauts personnages au plus prĂšs de DioclĂ©tien qui sont cĂ©lĂ©brĂ©s en mĂȘme temps : « Câest pour cela aussi que la reine des nations perses, aprĂšs la cruelle condamnation Ă©dictĂ©e par son mari, alors quâelle nâavait pas encore obtenu la grĂące du baptĂȘme, a mĂ©ritĂ© la palme dâune glorieuse passion. On ne peut douter que le fait dâavoir versĂ© le flot rosĂ© de son sang lui ait valu de passer les portes fermĂ©es du ciel et de possĂ©der le royaume du ciel. » La reine des nations perse est Ă©videmment la femme de l’empereur qui a vaincu les perses, l’empereur DioclĂ©tien, CĂ©sar et Persique. Ambroise utilise-t-il le texte de la passion grecque pour son sermon, ou rapporte-t-il ces faits par une autre voie ? Quelle que soit la rĂ©ponse, Ambroise apporte indĂ©niablement son autoritĂ© aux Ă©lĂ©ments qu’il rapporte !
Publié le 06 mars 2025
La passion de saint Georges
Résumé de la passion de Saint Georges
DioclĂ©tien, appelĂ© Dadian, avec ses quatre associĂ©s demande Ă tous les rois de tous les pays d’Ă©radiquer le christianisme. Georges, tribun originaire de Cappadoce vient d’achever sa vie militaire et propose ses services Ă l’empereur en tant que comte.
Devant l’ampleur de la persĂ©cution, il donne ses biens aux pauvres et se prĂ©sente devant l’empereur en se proclamant chrĂ©tien trinitaire. Magnence l’interroge et DioclĂ©tien le condamne Ă subir le supplice des griffes et de la roue, puis Georges est mis au tombeau, dans la fosse. Dieu lui mĂȘme par la main de l’archange Gabriel le ressuscite.
Georges se prĂ©sente Ă nouveau devant l’empereur. Son courage dĂ©cide le gĂ©nĂ©ral Antonin et toute sa lĂ©gion Ă se dire chrĂ©tiens. Antonin et sa lĂ©gion subissent le martyre. Quant Ă Georges, l’empereur lui fait subir l’Ă©preuve des souliers Ă clous, Georges persĂ©vĂšre dans l’expression de sa foi. L’empereur le condamne Ă ĂȘtre flagellĂ©.
AprĂšs le fouet, Magnence demande un signe de Georges qui lui permette de croire en Dieu : que les quatorze siĂšges de l’Empire faits de bois mort repoussent et refleurissent. Ce que fait Georges et qu’observe Magnence.
Suit un rĂ©cit curieux. Le gouverneur Traquillinus lui demande de ressusciter les morts contenus dans un certain sarcophage pour croire en Dieu. Georges intercĂšde auprĂšs de Dieu qui a mis Ă sec la mer des papyrus ; il les ressuscite au nombre de trois cent. Les paĂŻens morts dans les tourments de l’enfer demandent Ă connaĂźtre le Christ pour ne plus y retourner, ce qu’accorde Georges par le baptĂȘme, et les morts vont au Paradis.
Devant la puissance du saint, l’empereur demande non plus de le martyriser mais de le dĂ©shonorer, en le faisant cohabiter avec une veuve, pauvre prostituĂ©e. Georges s’appuie sur un pilier qui devient un grand arbre. Avec l’aide de saint Michel il nourrit et convertit la veuve avec son fils. Son fils aveugle et estropiĂ© retrouve la vue et la marche. Il devient le porte parole de Georges. L’arbre du jardin de la veuve grandit et resplendit.
L’empereur change de stratĂ©gie pour ramener Georges au paganisme. Il le comble de bienfaits, le nomme ministre et lui promet qu’il sera son successeur Ă la tĂȘte de l’Empire s’il sacrifie aux dieux. Georges donne son accord ; la veuve en est scandalisĂ©e. Il se rend au temple avec le fils de la veuve et questionne les idoles. Les dĂ©mons en sortent et George les envoie en enfer, il brise les idoles. Ne reste plus que Dieu seul, quâhonore Georges.
DioclĂ©tien relate ces faits Ă sa femme, la reine Alexandra. Alexandra lui confesse sa foi chrĂ©tienne et subit le martyre aprĂšs avoir demandĂ© le baptĂȘme Ă Georges. Georges est alors dĂ©capitĂ© aprĂšs avoir priĂ© pour que ceux qui seront dans la mĂȘme situation que lui soient sauvĂ©s et que leur fautes ne leur soient pas comptĂ©es. Il prie Ă©galement qu’Ă l’invocation de son nom le pays devienne un pays oĂč les boiteux marchent, les aveugles voient, et prie que JĂ©sus-Christ envoie le feu qui dĂ©vore le roi et les cinquante qui n’ont pas cru devant les actes de Georges.
Décryptage et explications
La passion de saint Georges est une catĂ©chĂšse qui rassemble des faits variĂ©s en vue de l’Ă©dification des fidĂšles.
Tous les rois de tous les pays : L’Empire c’est le monde disent les Romains. Les rois sont les gouverneurs des 14 diocĂšses ou des 70 provinces de l’Empire. Les pays sont ainsi les diocĂšses oĂč les provinces. Hors du monde sont les barbares.
Dadian : Roi des Perses. DioclĂ©tien Ă©tait qualifiĂ© de roi persique pour avoir vaincu les Perses. Dadian serait un diminutif de Dalmate, sa province d’origine. On lui donne aussi le surnom de Dacien, provenant de Dacie qui n’est pas trĂšs Ă©loignĂ©e et dont est originaire le co-empereur GalĂšre. Vu d’un Palestinien, Dalmatie, Panonie ou Dacie, c’est bien la mĂȘme chose.
Les quatre associés : la Tétrarchie, les deux empereurs Dioclétien-Jupiter et Maximien-Hercule, les deux Césars GalÚre et Constance Chlore.
Georges : nĂ© en Cappadoce, est aussi GalilĂ©en dans ce texte. D’autres traditions prĂ©cisent le lieu de sĂ©pulture en Palestine Ă Lydia, anciennement Discopolis, l’actuel Lods, prĂšs de Tell-Aviv.
Tribun, stratolatos : Officier supĂ©rieur, gĂ©nĂ©ral d’armĂ©e.
Comte : ministre de l’empereur, celui qui mange avec lui.
Supplices : Les nombreux supplices montrent la persĂ©vĂ©rance de Georges et l’aide permanente de Dieu.
Fosse : Il faut comprendre que Georges, laissé pour mort, est mis dans un tombeau fermé par une pierre.
Antonin : Rappel du martyre de saint Maurice et de légion Thébaine anéantis dix huit ans avant la grande persécution par Maximien, martyre peu connu en Orient.
14 siĂšges : les quatorze diocĂšses de l’Empire ; les siĂšges de bois mort reprĂ©sentent les provinces oĂč le christianisme a disparu par la persĂ©cution. Elles refleurissent aprĂšs Constantin, redevenues chrĂ©tiennes. C’est une mĂ©taphore du temps de la rĂ©daction de la passion de Georges. En effet, Georges est interrogĂ© par Magnence, l’empereur paĂŻen. L’auteur observe que Magnence a vu refleurir le bois mort. Montrerait-il sa conversion au christianisme trinitaire lors de sa lutte contre l’empereur arien Constance II ? Les derniĂšres monnaies de Maxence portent effectivement le chrisme, elles en tĂ©moignent !
Morts du paganisme : CatĂ©chĂšse sur l’au-delĂ , sur l’Ă©ternitĂ©. L’auteur signifie que par la priĂšre, les vivants peuvent intercĂ©der pour tous les dĂ©funts quelle qu’ait Ă©tĂ© leur vie, en particulier pour ceux qui n’ont pas connu JĂ©sus-Christ. Il profite de la rĂ©daction de cette passion pour transmettre le message par la bouche du saint : la priĂšre des vivants intercĂšde auprĂšs de Dieu qui par la PĂąque a libĂ©rĂ© les Israelites de l’esclavage d’Ăgypte en assĂ©chant la mer Rouge, la mer des papyrus.
Veuve : Discours sur l’humiliĂ© chrĂ©tienne. Vivre avec des pauvres, voire avec une prostituĂ©e, c’est une infamie pour les princes ; ce ne l’est pas pour un chrĂ©tien, au contraire, la veuve et l’orphelin sont les protĂ©gĂ©s de Dieu dit la Bible (Deut, 10, 8 ; Exode, 21, 22). L’archange saint Michel, l’envoyĂ© de Dieu, vient Ă son secours. L’arbre est le symbole du Dieu vivant, il est au milieu du jardin et grandit Ă l’admiration de tous en lieu et place d’une idole de pierre, d’un pilier inerte. Le fils de la veuve Ă©clairĂ© par Georges peut affronter les dĂ©mons sans crainte.
Fils de la veuve : On observe ici la reprise du rĂ©cit d’Ălie et de la veuve de Sarepta. La nourriture ne manque pas et le fils est ressuscitĂ©. Mais ce peut ĂȘtre aussi une reprise du mythe d’Isis et Osiris. Georges est coupĂ© en morceaux comme Osiris. Horus, fils de la veuve Isis, de chĂ©tif, aveugle et boiteux, devient celui qui rĂ©tablit l’Ă©quilibre divin par la magie de sa mĂšre Isis. Il chasse Seth le dieu du mal. Dans la vision gnostique c’est la veuve (mĂšre d’Hiram, Isis, ou MĂ©dĂ©e) qui par magie ouvre les yeux de son fils. Le fils de la veuve est le franc-maçon qui se dĂ©gage du mal par l’initiation, l’arbre est l’acacia qui renait Ă la rĂ©apparition du soleil de la connaissance. Plus tĂŽt dans ce rĂ©cit, ce nâĂ©tait pas la veuve, ce nâĂ©tait pas Isis qui collationnait les morceaux dĂ©coupĂ©s pour faire revivre Osiris, c’est l’archange Gabriel qui fait sortir Georges du tombeau. Ce n’Ă©tait pas la veuve qui ouvrait les yeux de son fils, mais Georges. Ce n’Ă©tait pas le fils de la veuve qui a dĂ©voilĂ© les dieux, mais bien Georges, le saint hĂ©ro de Dieu. Le rĂ©cit est bien chrĂ©tien !
Sept ans de martyre : le temps entre le dĂ©cret de persĂ©cution sanglante dĂ©but 304 et sa fin par l’Ă©dit de Sardique de l’empereur GalĂšre du 30 avril 311.
Georges brise les Idoles : Georges dévoile la supercherie des dieux romains et terrasse le démon, le fait disparaßtre en enfer, dans la fosse. Ce dévoilement est la cause de conversion de la reine.
Alexandra : Elle est identifiĂ©e Ă Priscia l’Ă©pouse de DioclĂ©tien. Celle ci chrĂ©tienne est restĂ©e l’impĂ©ratrice et n’est pas martyrisĂ©e par son mari. Ă la mort de celui-ci en 305, Priscia rejoint sa fille ValĂ©rie qui avait Ă©tĂ© mariĂ©e au co-empereur GalĂšre. ValĂ©rie est aussi chrĂ©tienne. Ă la mort de GalĂšre en 311 Alexandra et sa fille sont sous la domination de Licinius, Elles mourront toutes deux martyrs en 314.
N’ayez pas peur : Cette phrase de Georges Ă Alexandra reprend l’Ă©vangile de Matthieu (Mat, 10, 26) racontant l’envoi en mission des disciple, les prĂ©venant qu’ils seront dĂ©testĂ©s, persĂ©cutĂ©s, « qui a perdu sa vie pour moi la trouvera » dit JĂ©sus.
La priĂšre : Elle est exaucĂ©e, les rois de l’Empire Romain paĂŻen sont dĂ©vorĂ©s sauf Constantin, celui qui a vu et a cru dans le signe de feu du Dieu tout puissant avant la bataille du Pont de Milvius.
Date : Les Actes de saint Georges semblent ĂȘtre Ă©crits entre 360 et 380 dans la province d’Orient. Ils incorporent dans leur texte un ensemble de faits relatifs Ă la grande persĂ©cution des chrĂ©tiens sous DioclĂ©tien mais aussi beaucoup d’autres qui ne sont pas nĂ©cessairement liĂ©es Ă Georges. En particulier le martyre de saint Maurice et de la lĂ©gion ThĂ©baine, appelĂ© ici martyre du gĂ©nĂ©ral Antonin et de sa lĂ©gion, qui eut lieu vers 286 dix sept ans avant le dĂ©but de la grande persĂ©cution par le gĂ©nĂ©ral Maximien, le vĂ©ritable instigateur de la persĂ©cution.
Ces Actes font curieusement participer Ă lâinterrogatoire de Georges, Magnence, empereur usurpateur paĂŻen en 350-353 nommĂ© dans le texte grec soit Magentios soit Magnetios. Magnence revient au paganisme pendant la pĂ©riode arienne de l’Empire ; ce fait a dĂ» inquiĂ©ter l’auteur dĂ©jĂ troublĂ© par les persĂ©cutions des chrĂ©tiens trinitaires du fait de l’empereur arien Constance II. Le commentaire sur les quatorze siĂšges de rois, les quatorze diocĂšses de l’Empire, montre que les actes sont Ă©crits avant ThĂ©odose et aprĂšs Magnence. En effet le christianisme mort sous DioclĂ©tien, renait avec Constantin qui a vu le signe de feu du Dieu des ChrĂ©tiens, certains diocĂšses grandissent sans fleurir, ceux des empereurs ariens d’Orient, d’autres fleurissent, ceux gouvernĂ©s par des empereurs chrĂ©tiens trinitaires. AprĂšs ThĂ©odose les quatorze siĂšges sont trinitaires, il fleuriront tous.
VĂ©racitĂ© historique : L’objet de ce texte est Ă©videmment la catĂ©chĂšse Ă l’usage des fidĂšles par l’exemple de la vie d’un grand tĂ©moin et non la rigueur historique. Cependant on retrouve des dĂ©tails confirmĂ© par le tĂ©moignage d’Ambroise de Milan datant de la mĂȘme Ă©poque, mais dans la partie latine de l’Empire. Ambroise prĂ©cisait que « Georges reçut de la grĂące divine une telle constance dans la foi quâil mĂ©prisa les ordres du pouvoir tyrannique et ne craignit pas les tourments de peines innombrables. Ă lâheureux et illustre combattant de Dieu, qui non seulement ne sâest pas laissĂ© sĂ©duire par la promesse caressante dâun royaume temporel, mais, aprĂšs avoir trompĂ© son persĂ©cuteur, a encore prĂ©cipitĂ© dans lâabime la monstruositĂ© de ses statues ! » Tout le rĂ©cit de la passion grecque se trouve rĂ©sumĂ© dans ces quelques lignes : les supplices sans nombre, la constance dans la foi, le haut rang de Georges peut-ĂȘtre destinĂ© Ă succĂ©der Ă l’empire, la rĂ©futation de la religion paĂŻenne. Ambroise associe dans le mĂȘme sermon le martyre de la reine Alexandra Ă celui de Georges, du fait de la proximitĂ© de Georges et de DioclĂ©tien. Ce sont deux hauts personnages au plus prĂšs de DioclĂ©tien qui sont cĂ©lĂ©brĂ©s en mĂȘme temps : « Câest pour cela aussi que la reine des nations perses, aprĂšs la cruelle condamnation Ă©dictĂ©e par son mari, alors quâelle nâavait pas encore obtenu la grĂące du baptĂȘme, a mĂ©ritĂ© la palme dâune glorieuse passion. On ne peut douter que le fait dâavoir versĂ© le flot rosĂ© de son sang lui ait valu de passer les portes fermĂ©es du ciel et de possĂ©der le royaume du ciel. » La reine des nations perse est Ă©videmment la femme de l’empereur qui a vaincu les perses, l’empereur DioclĂ©tien, CĂ©sar et Persique. Ambroise utilise-t-il le texte de la passion grecque pour son sermon, ou rapporte-t-il ces faits par une autre voie ? Quelle que soit la rĂ©ponse, Ambroise apporte indĂ©niablement son autoritĂ© aux Ă©lĂ©ments qu’il rapporte !
Publié le 06 mars 2025
La passion de saint Georges
Résumé de la passion de Saint Georges
DioclĂ©tien, appelĂ© Dadian, avec ses quatre associĂ©s demande Ă tous les rois de tous les pays d’Ă©radiquer le christianisme. Georges, tribun originaire de Cappadoce vient d’achever sa vie militaire et propose ses services Ă l’empereur en tant que comte.
Devant l’ampleur de la persĂ©cution, il donne ses biens aux pauvres et se prĂ©sente devant l’empereur en se proclamant chrĂ©tien trinitaire. Magnence l’interroge et DioclĂ©tien le condamne Ă subir le supplice des griffes et de la roue, puis Georges est mis au tombeau, dans la fosse. Dieu lui mĂȘme par la main de l’archange Gabriel le ressuscite.
Georges se prĂ©sente Ă nouveau devant l’empereur. Son courage dĂ©cide le gĂ©nĂ©ral Antonin et toute sa lĂ©gion Ă se dire chrĂ©tiens. Antonin et sa lĂ©gion subissent le martyre. Quant Ă Georges, l’empereur lui fait subir l’Ă©preuve des souliers Ă clous, Georges persĂ©vĂšre dans l’expression de sa foi. L’empereur le condamne Ă ĂȘtre flagellĂ©.
AprĂšs le fouet, Magnence demande un signe de Georges qui lui permette de croire en Dieu : que les quatorze siĂšges de l’Empire faits de bois mort repoussent et refleurissent. Ce que fait Georges et qu’observe Magnence.
Suit un rĂ©cit curieux. Le gouverneur Traquillinus lui demande de ressusciter les morts contenus dans un certain sarcophage pour croire en Dieu. Georges intercĂšde auprĂšs de Dieu qui a mis Ă sec la mer des papyrus ; il les ressuscite au nombre de trois cent. Les paĂŻens morts dans les tourments de l’enfer demandent Ă connaĂźtre le Christ pour ne plus y retourner, ce qu’accorde Georges par le baptĂȘme, et les morts vont au Paradis.
Devant la puissance du saint, l’empereur demande non plus de le martyriser mais de le dĂ©shonorer, en le faisant cohabiter avec une veuve, pauvre prostituĂ©e. Georges s’appuie sur un pilier qui devient un grand arbre. Avec l’aide de saint Michel il nourrit et convertit la veuve avec son fils. Son fils aveugle et estropiĂ© retrouve la vue et la marche. Il devient le porte parole de Georges. L’arbre du jardin de la veuve grandit et resplendit.
L’empereur change de stratĂ©gie pour ramener Georges au paganisme. Il le comble de bienfaits, le nomme ministre et lui promet qu’il sera son successeur Ă la tĂȘte de l’Empire s’il sacrifie aux dieux. Georges donne son accord ; la veuve en est scandalisĂ©e. Il se rend au temple avec le fils de la veuve et questionne les idoles. Les dĂ©mons en sortent et George les envoie en enfer, il brise les idoles. Ne reste plus que Dieu seul, quâhonore Georges.
DioclĂ©tien relate ces faits Ă sa femme, la reine Alexandra. Alexandra lui confesse sa foi chrĂ©tienne et subit le martyre aprĂšs avoir demandĂ© le baptĂȘme Ă Georges. Georges est alors dĂ©capitĂ© aprĂšs avoir priĂ© pour que ceux qui seront dans la mĂȘme situation que lui soient sauvĂ©s et que leur fautes ne leur soient pas comptĂ©es. Il prie Ă©galement qu’Ă l’invocation de son nom le pays devienne un pays oĂč les boiteux marchent, les aveugles voient, et prie que JĂ©sus-Christ envoie le feu qui dĂ©vore le roi et les cinquante qui n’ont pas cru devant les actes de Georges.
Décryptage et explications
La passion de saint Georges est une catĂ©chĂšse qui rassemble des faits variĂ©s en vue de l’Ă©dification des fidĂšles.
Tous les rois de tous les pays : L’Empire c’est le monde disent les Romains. Les rois sont les gouverneurs des 14 diocĂšses ou des 70 provinces de l’Empire. Les pays sont ainsi les diocĂšses oĂč les provinces. Hors du monde sont les barbares.
Dadian : Roi des Perses. DioclĂ©tien Ă©tait qualifiĂ© de roi persique pour avoir vaincu les Perses. Dadian serait un diminutif de Dalmate, sa province d’origine. On lui donne aussi le surnom de Dacien, provenant de Dacie qui n’est pas trĂšs Ă©loignĂ©e et dont est originaire le co-empereur GalĂšre. Vu d’un Palestinien, Dalmatie, Panonie ou Dacie, c’est bien la mĂȘme chose.
Les quatre associés : la Tétrarchie, les deux empereurs Dioclétien-Jupiter et Maximien-Hercule, les deux Césars GalÚre et Constance Chlore.
Georges : nĂ© en Cappadoce, est aussi GalilĂ©en dans ce texte. D’autres traditions prĂ©cisent le lieu de sĂ©pulture en Palestine Ă Lydia, anciennement Discopolis, l’actuel Lods, prĂšs de Tell-Aviv.
Tribun, stratolatos : Officier supĂ©rieur, gĂ©nĂ©ral d’armĂ©e.
Comte : ministre de l’empereur, celui qui mange avec lui.
Supplices : Les nombreux supplices montrent la persĂ©vĂ©rance de Georges et l’aide permanente de Dieu.
Fosse : Il faut comprendre que Georges, laissé pour mort, est mis dans un tombeau fermé par une pierre.
Antonin : Rappel du martyre de saint Maurice et de légion Thébaine anéantis dix huit ans avant la grande persécution par Maximien, martyre peu connu en Orient.
14 siĂšges : les quatorze diocĂšses de l’Empire ; les siĂšges de bois mort reprĂ©sentent les provinces oĂč le christianisme a disparu par la persĂ©cution. Elles refleurissent aprĂšs Constantin, redevenues chrĂ©tiennes. C’est une mĂ©taphore du temps de la rĂ©daction de la passion de Georges. En effet, Georges est interrogĂ© par Magnence, l’empereur paĂŻen. L’auteur observe que Magnence a vu refleurir le bois mort. Montrerait-il sa conversion au christianisme trinitaire lors de sa lutte contre l’empereur arien Constance II ? Les derniĂšres monnaies de Maxence portent effectivement le chrisme, elles en tĂ©moignent !
Morts du paganisme : CatĂ©chĂšse sur l’au-delĂ , sur l’Ă©ternitĂ©. L’auteur signifie que par la priĂšre, les vivants peuvent intercĂ©der pour tous les dĂ©funts quelle qu’ait Ă©tĂ© leur vie, en particulier pour ceux qui n’ont pas connu JĂ©sus-Christ. Il profite de la rĂ©daction de cette passion pour transmettre le message par la bouche du saint : la priĂšre des vivants intercĂšde auprĂšs de Dieu qui par la PĂąque a libĂ©rĂ© les Israelites de l’esclavage d’Ăgypte en assĂ©chant la mer Rouge, la mer des papyrus.
Veuve : Discours sur l’humiliĂ© chrĂ©tienne. Vivre avec des pauvres, voire avec une prostituĂ©e, c’est une infamie pour les princes ; ce ne l’est pas pour un chrĂ©tien, au contraire, la veuve et l’orphelin sont les protĂ©gĂ©s de Dieu dit la Bible (Deut, 10, 8 ; Exode, 21, 22). L’archange saint Michel, l’envoyĂ© de Dieu, vient Ă son secours. L’arbre est le symbole du Dieu vivant, il est au milieu du jardin et grandit Ă l’admiration de tous en lieu et place d’une idole de pierre, d’un pilier inerte. Le fils de la veuve Ă©clairĂ© par Georges peut affronter les dĂ©mons sans crainte.
Fils de la veuve : On observe ici la reprise du rĂ©cit d’Ălie et de la veuve de Sarepta. La nourriture ne manque pas et le fils est ressuscitĂ©. Mais ce peut ĂȘtre aussi une reprise du mythe d’Isis et Osiris. Georges est coupĂ© en morceaux comme Osiris. Horus, fils de la veuve Isis, de chĂ©tif, aveugle et boiteux, devient celui qui rĂ©tablit l’Ă©quilibre divin par la magie de sa mĂšre Isis. Il chasse Seth le dieu du mal. Dans la vision gnostique c’est la veuve (mĂšre d’Hiram, Isis, ou MĂ©dĂ©e) qui par magie ouvre les yeux de son fils. Le fils de la veuve est le franc-maçon qui se dĂ©gage du mal par l’initiation, l’arbre est l’acacia qui renait Ă la rĂ©apparition du soleil de la connaissance. Plus tĂŽt dans ce rĂ©cit, ce nâĂ©tait pas la veuve, ce nâĂ©tait pas Isis qui collationnait les morceaux dĂ©coupĂ©s pour faire revivre Osiris, c’est l’archange Gabriel qui fait sortir Georges du tombeau. Ce n’Ă©tait pas la veuve qui ouvrait les yeux de son fils, mais Georges. Ce n’Ă©tait pas le fils de la veuve qui a dĂ©voilĂ© les dieux, mais bien Georges, le saint hĂ©ro de Dieu. Le rĂ©cit est bien chrĂ©tien !
Sept ans de martyre : le temps entre le dĂ©cret de persĂ©cution sanglante dĂ©but 304 et sa fin par l’Ă©dit de Sardique de l’empereur GalĂšre du 30 avril 311.
Georges brise les Idoles : Georges dévoile la supercherie des dieux romains et terrasse le démon, le fait disparaßtre en enfer, dans la fosse. Ce dévoilement est la cause de conversion de la reine.
Alexandra : Elle est identifiĂ©e Ă Priscia l’Ă©pouse de DioclĂ©tien. Celle ci chrĂ©tienne est restĂ©e l’impĂ©ratrice et n’est pas martyrisĂ©e par son mari. Ă la mort de celui-ci en 305, Priscia rejoint sa fille ValĂ©rie qui avait Ă©tĂ© mariĂ©e au co-empereur GalĂšre. ValĂ©rie est aussi chrĂ©tienne. Ă la mort de GalĂšre en 311 Alexandra et sa fille sont sous la domination de Licinius, Elles mourront toutes deux martyrs en 314.
N’ayez pas peur : Cette phrase de Georges Ă Alexandra reprend l’Ă©vangile de Matthieu (Mat, 10, 26) racontant l’envoi en mission des disciple, les prĂ©venant qu’ils seront dĂ©testĂ©s, persĂ©cutĂ©s, « qui a perdu sa vie pour moi la trouvera » dit JĂ©sus.
La priĂšre : Elle est exaucĂ©e, les rois de l’Empire Romain paĂŻen sont dĂ©vorĂ©s sauf Constantin, celui qui a vu et a cru dans le signe de feu du Dieu tout puissant avant la bataille du Pont de Milvius.
Date : Les Actes de saint Georges semblent ĂȘtre Ă©crits entre 360 et 380 dans la province d’Orient. Ils incorporent dans leur texte un ensemble de faits relatifs Ă la grande persĂ©cution des chrĂ©tiens sous DioclĂ©tien mais aussi beaucoup d’autres qui ne sont pas nĂ©cessairement liĂ©es Ă Georges. En particulier le martyre de saint Maurice et de la lĂ©gion ThĂ©baine, appelĂ© ici martyre du gĂ©nĂ©ral Antonin et de sa lĂ©gion, qui eut lieu vers 286 dix sept ans avant le dĂ©but de la grande persĂ©cution par le gĂ©nĂ©ral Maximien, le vĂ©ritable instigateur de la persĂ©cution.
Ces Actes font curieusement participer Ă lâinterrogatoire de Georges, Magnence, empereur usurpateur paĂŻen en 350-353 nommĂ© dans le texte grec soit Magentios soit Magnetios. Magnence revient au paganisme pendant la pĂ©riode arienne de l’Empire ; ce fait a dĂ» inquiĂ©ter l’auteur dĂ©jĂ troublĂ© par les persĂ©cutions des chrĂ©tiens trinitaires du fait de l’empereur arien Constance II. Le commentaire sur les quatorze siĂšges de rois, les quatorze diocĂšses de l’Empire, montre que les actes sont Ă©crits avant ThĂ©odose et aprĂšs Magnence. En effet le christianisme mort sous DioclĂ©tien, renait avec Constantin qui a vu le signe de feu du Dieu des ChrĂ©tiens, certains diocĂšses grandissent sans fleurir, ceux des empereurs ariens d’Orient, d’autres fleurissent, ceux gouvernĂ©s par des empereurs chrĂ©tiens trinitaires. AprĂšs ThĂ©odose les quatorze siĂšges sont trinitaires, il fleuriront tous.
VĂ©racitĂ© historique : L’objet de ce texte est Ă©videmment la catĂ©chĂšse Ă l’usage des fidĂšles par l’exemple de la vie d’un grand tĂ©moin et non la rigueur historique. Cependant on retrouve des dĂ©tails confirmĂ© par le tĂ©moignage d’Ambroise de Milan datant de la mĂȘme Ă©poque, mais dans la partie latine de l’Empire. Ambroise prĂ©cisait que « Georges reçut de la grĂące divine une telle constance dans la foi quâil mĂ©prisa les ordres du pouvoir tyrannique et ne craignit pas les tourments de peines innombrables. Ă lâheureux et illustre combattant de Dieu, qui non seulement ne sâest pas laissĂ© sĂ©duire par la promesse caressante dâun royaume temporel, mais, aprĂšs avoir trompĂ© son persĂ©cuteur, a encore prĂ©cipitĂ© dans lâabime la monstruositĂ© de ses statues ! » Tout le rĂ©cit de la passion grecque se trouve rĂ©sumĂ© dans ces quelques lignes : les supplices sans nombre, la constance dans la foi, le haut rang de Georges peut-ĂȘtre destinĂ© Ă succĂ©der Ă l’empire, la rĂ©futation de la religion paĂŻenne. Ambroise associe dans le mĂȘme sermon le martyre de la reine Alexandra Ă celui de Georges, du fait de la proximitĂ© de Georges et de DioclĂ©tien. Ce sont deux hauts personnages au plus prĂšs de DioclĂ©tien qui sont cĂ©lĂ©brĂ©s en mĂȘme temps : « Câest pour cela aussi que la reine des nations perses, aprĂšs la cruelle condamnation Ă©dictĂ©e par son mari, alors quâelle nâavait pas encore obtenu la grĂące du baptĂȘme, a mĂ©ritĂ© la palme dâune glorieuse passion. On ne peut douter que le fait dâavoir versĂ© le flot rosĂ© de son sang lui ait valu de passer les portes fermĂ©es du ciel et de possĂ©der le royaume du ciel. » La reine des nations perse est Ă©videmment la femme de l’empereur qui a vaincu les perses, l’empereur DioclĂ©tien, CĂ©sar et Persique. Ambroise utilise-t-il le texte de la passion grecque pour son sermon, ou rapporte-t-il ces faits par une autre voie ? Quelle que soit la rĂ©ponse, Ambroise apporte indĂ©niablement son autoritĂ© aux Ă©lĂ©ments qu’il rapporte !
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Publié le 06 mars 2025